L'histoire de Wiers...

La commune actuelle de Wiers est formée de l'ancien village de Wières avec Sa seigneurie principale Le Biés
et de l'avouerie de Vernes aujourd'hui Vergne, terre franche sous l'ancien régime, qui lui fut annexée a la fin du XVIIIe siècle. La paroisse comprend en outre la partie du hameau de Grosmont, dépendant pour le civil de la commune de Brasménil
qui lui fut adjointe en 1825 après la construction du canal de Pommeroeul à Antoing.
La commune de Wiers faisait autrefois partie, du comté de Hainaut et de la Châtellerie d'Ath; elle fut unie au Tournésis par Louis XIV en 1701,
détachée de cette juridiction et cédée à la France en 1769 et finalement recédée aux Etats autrichiens en 1779.
Actuellement elle fait partie de la province de Hainaut, de l'arrondissement de Tournai et du canton de Péruwelz.
A l'origine des cantons de justice de paix, elle dépendait de celui d'Antoing.
Nous trouvons le nom de Wiers mentionné pour la première fois dans un acte de 1147, par lequel
le pape Eugène III confirme à l'abbaye de Saint-Médard à Tournai des biens que cette abbaye possédait à Wières.

L'orthographe primitive Wières que nous rencontrons ici, ainsi que dans de nombreux actes du XIIe et du XIIIe siècle,
se maintint jusque vers 1510 pour se transformer ensuite en Wyères.
Pendant un certain temps, nous traversons une période de transition et d'hésitation entre ces deux formes, mais à partir de 1557 l'orthographe Wyères est définitivement adoptée.
Ce ne fut que plus tard, vers 1700, que Wyères se métamorphosa en Wiers et prit enfin sa physionomie actuelle.

.

Cette manie de mutiler ou d'amputer les noms était en vogue aux siècles derniers,
et pour notre commune elle eut pour résultat de produire une telle confusion dans la prononciation, qu' il arrive même parfois que le vocable Wiers nous est présenté sous une forme phonétique à la flamande,
qui serait très divertissante si elle n'avait pas d'autre conséquence plus sérieuse.

L'étymologie du mot Wiers ou mieux Wières n'est pas douteuse : Wière signifie pré, de même que wiérie signifie prairie.
Les prairies avoisinant les Biez, sur le territoire d'Hergnies, s'appellent encore wiéries, c'est à-dire les prairies.
Ce mot, qui a dû être employé autrefois dans le langage usuel comme nom commun, ne nous est plus conservé que dans la désignation de certains lieux-dits.
Il en est de même des wayères du pays de Chimay, qui servent à désigner des terrains bas et humides formant prairie marécageuse.
Nul ne contestera que les wayères du pays de Chimay sont de la même famille que les wières de notre région.

M. Dony, le savant et obligeant secrétaire du Cercle archéologique de Mons, nous écrit à ce sujet que les wayères de Chimay (ville) désignent des prairies marécageuses,
mais il ajoute que si, dans les environs de cette ville, on n'emploie plus le mot wayères pour prairies basses, on désigne encore actuellement le foin par le mot wayen.

Au point de vue topographique, la configuration de notre territoire est celle d'un triangle, dont la base repose sur les communes belges de Callenelle, de Brasménil et de Péruwelz et dont le sommet,
en s'enfonçant comme un coin dans le territoire français,
nous fait confiner par les deux autres côtés de ce triangle aux villages français de Flines, d'une part, de Vieux-Condé et d'Hergnies, d'autre part.

Cette situation topographique a eu pour conséquence de nous ceindre de plus de dix kilomètres de frontière,
à front de laquelle se sont échelonnées de nombreuses maisons de commerce qui déversent vers notre grande voisine protectionniste,
la France, nos produits indigène ou naturalisés.
Wiers possède cinq hameaux principaux : Gourgues, La Croix, La Garenne avec Grosmont, Rengies et Vergne.

Notre commune, qui possédait 110 feux au XVe siècle, avait 305 feux et 1805 habitant en 1786, 664 habitations et 3137 habitants en 1836.
Après avoir enregistré 4000 âmes il y a trente ans, Wiers voit actuellement ce chiffre décroître dans des proportions tellement inquiétantes,
qu'il est à craindre que sa population actuelle de 3606 habitants ne descende à 3500 au prochain recensement décennal.


La population du village est surtout agricole, mais dans la classe laborieuse domine l'élément industriel qui procède principalement des charbonnages et des nombreux établissements industriels de la région voisine.
Le territoire de Wiers a une superficie d'environ 1258 hectares. Son sol est peu accidenté, et si l'on en excepte le mont de la Garenne,
situé au nord et formant un mamelon de 47 mètre d'élévation à son point culminant, la commune se développe et s'étend dans une plaine très légèrement ondulée,
à une altitude moyenne de vingt à trente mètres, avec un maximum de 33 mètres à l'Est sur les champs Delmotte, et un minimum de 18 mètres, vers le Sud, aux abords du château du Biez.
Sur les rives des trois cours d'eau qui l'arrosent, les deux Vernes et la Calonne,
des prairies se déroulent en larges bandes de verdure dont l'uniformité et la monotonie sont rompues par la perspective pittoresque de coquets et ombreux bocages.


Les enseignements que nous avons puisés dans l'étude toponymique de notre commune nous permettent d'affirmer qu'aux temps primitifs la majeure partie du sol de Wiers devait former une forêt ininterrompue,
excepté la partie Sud qui était envahie par les eaux et qui reste encore composée actuellement de terres basses et de prairies fréquemment inondées,
malgré les travaux d'assainissement que le génie de l'homme a effectués pendant le cours des siècles.
Ces vastes territoires étaient donc continuellement submergés, avant que les redressements et les endiguements de l'Escaut
n'eussent emprisonné les eaux vagabondes du fleuve, en leur traçant une route fixe et invariable .

Le nom de Rivage, qu'a conservé un de nos hameaux, nous rappelle les limites assignées à la nappe liquide de l'Escaut, aux temps préhistoriques.

Cet aperçu descriptif nous démontre à l'évidence qu'il ne faut pas fixer une origine extrêmement reculée à notre commune,
mais bien lui chercher une genèse, qui a dû vraisemblablement coïncider avec l'érection d'un premier château ou ferme seigneuriale,
dans la vallée de la Verne, non loin de l'église actuelle, qui forma le premier noyau du village .
Plus tard, vers le XII' ou le XIIIe siècle sans doute, le château du Biez dressa ses hautes tours au sein de nos prairies toujours submergées,
où le seigneur cherchait une défense naturelle pour sa forteresse.

Ce nouvel édifice féodal donna naissance à un second noyau d'habitations, qui, aux XVIIe et XVIIIe siècles,
était aussi important et aussi peuplé que celui qui s'était développé au centre actuel de la commune.
Il est tellement vrai que l'origine de la commune actuelle de Wiers est le résultat de l'union des populations agglomérées sur ces deux points de notre territoire,
qu'au XVIIIe siècle on dénommait encore notre localité "Commune de Wiers et Le Biez".

www.000webhost.com